Énergie, chiffres clés
Qu'en est-il du pétrole et des autres énergies primaires, en terme de production et consommation, en France et dans le monde ?
Dans les médias, le solaire et l’éolien sont beaucoup mis en avant. Exemple d'un titre, avec cet article d'un média dominant de la presse française : Le solaire et l’éolien ont produit plus de 10 % de l’électricité mondiale en 2021, une première.
Ces titres et articles laissent l'impression d'une importance considérable des énergies renouvelables (EnR) dans notre consommation d'énergie, alors il est intéressant de faire le point, exemple en 2024, avec les chiffres officiels de 2023.
L'énergie est ce qui permet à nos sociétés dites modernes, de fonctionner dans une logique de croissance qui semble illimitée, la consommation mondiale d'énergie est donc, elle aussi, en croissance :
Consommation mondiale d’énergie primaire par énergie. (2024)
La consommation mondiale d’énergie primaire s’élève à 171 650 TWh en 2021, soit deux fois plus qu’en 1980 (83 550 TWh). Les énergies fossiles dominent largement le bouquet énergétique primaire mondial en 2021 (80%). Leur part a légèrement reculé par rapport à 1980 (-5 points), la baisse se concentrant dans les années 1980 avant une relative stabilité depuis. Sur toute cette période, produits pétroliers (30% en 2021), puis charbon et gaz naturel (27% et 24 %) sont restés, dans cet ordre, les trois premières énergies consommées. En 40 ans, la part des produits pétroliers a diminué de 14 points, alors que celles du gaz naturel et du charbon ont progressé respectivement de 7 points et 2 points.
La part de la biomasse et des déchets dans le bouquet énergétique est relativement stable, autour de 10%. Celle de l’hydraulique l’est aussi, à hauteur, en 2021, de 2,5% de la consommation d’énergie primaire mondiale. La part du nucléaire a été multipliée par 1,6 en 40 ans, atteignant 5,0% en 2021. La part des autres énergies (solaire, éolien, géothermie) est passée de 0,2% à 2,7% en 40 ans.
La consommation d'énergie primaire, au niveau mondial, ne cesse d'augmenter, la part des fossiles est écrasante, 80%, et aucune filière d'énergie n'augmente pour en remplacer une autre, ce qui fait dire à Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences et chercheur au CNRS, que la transition énergétique n'aura pas lieu.
Bilan énergétique de la France. (2024)
La production d’origine renouvelable (hydraulique, éolien, biomasse, biocarburants, biogaz...) augmente très nettement en 2023 en raison de l’accélération du développement des capacités installées et de conditions météorologiques plus favorables qu’en 2022 (voir partie 3). La production primaire d’énergie fossile est marginale (10 TWh).
Production d’énergie primaire par énergie
TOTAL : 1 420 TWh en 2023
La part des EnR « augmente très nettement », indique cet article, alors il s'agit de replacer cette filière d'énergie, dans le global de ce qui est consommé en France :
Répartition de la consommation d’énergie primaire par énergie
TOTAL : 2 523 TWh en 2023 (donnée non corrigée des variations climatiques)
Selon ces chiffres officiels, la part de l'éolien et du solaire, en 2023, ne représente que 3% de la totalité de l'énergie consommée en France !!
À contrario, la dépendance des Français aux énergies fossiles est estimée à environ 45% de la totalité de l'énergie consommée !
Voici la conclusion de la page :
La production primaire augmentant plus vite que la consommation primaire en 2023, le taux d’indépendance énergétique de la France gagne 5,8 points, pour s’établir à 56,3%, son maximum historique. L’approvisionnement pour satisfaire la demande d’énergie repose donc de moins en moins sur les importations (hors uranium, l’énergie nucléaire étant produite sur le territoire par convention statistique internationale).
Rappel : « La production pétrolière de la France représente 1% de sa consommation » (source officielle Ressources en hydrocarbures de la France).
L'approvisionnement en énergie de la France en 2023 est donc dépendant à 44% des importations (99% pour le pétrole), et donc des aléas géopolitiques, dans un monde où « on passe d'une ère où l'énergie est abondante et à bas prix, à une ère où l'énergie est rare et chère », Terry Lynn Karl, professeure de sciences politiques - Université Stanford. Californie.
Consommation finale d’énergie par secteur et par énergie.
Les transports. (2024)
Les produits pétroliers (gazole, essence, carburéacteurs), principalement à destination des transports routiers, dominent largement le bouquet énergétique avec 89,7 % du total. Celui-ci est complété, en 2022, par 7,5 % de biocarburants incorporés, 2,1 % d’électricité qui alimente principalement le transport ferroviaire et 0,7 % de gaz naturel (bus, poids lourds, utilitaires).
Transports : 504 TWh en 2023
À noter que le biocarburant, dont il est question dans le paragraphe « 7,5 % de biocarburants incorporés », est un carburant qui n’a de «bio» que le nom, dénonce Libération, puisqu'il est notamment la cause de déforestation et de destruction de la faune sauvage, d'accaparement de terres aux dépens de l'agriculture nourricière, etc.. Ce carburant n'est donc pas une solution d'avenir.
Si le pétrole ne représente que 30% de l'énergie primaire consommée en France (cf article précédent), il totalise 90% de l'énergie consommée dans les transports ! Or le flux de marchandises est ce qui fait le confort moderne. Cette dépendance au pétrole est donc gigantesque.
La part des EnR et de l'électricité est très faible dans les transports.
Part de l'éolien et du solaire dans la consommation mondiale d'énergie (2024)
Le ministère français de la transition écologique et de la cohésion des territoires, International (Édition 2024), conclut ainsi :
Les énergies fossiles représentent en 2021 environ deux tiers de la consommation finale sur tous les continents, à l’exception de l’Afrique où la biomasse est majoritaire (52%). Le pétrole est partout la première énergie fossile. Tandis que l’Asie utilise beaucoup le charbon (16 %), l’Amérique et l’Europe ont davantage recours au gaz naturel (respectivement 21 % et 26 %). La part de l’électricité dans la consommation finale en 2021 est similaire sur tous les continents (autour de 20 %), à l’exception de l’Afrique (10 %).
Avec 20% de part de l'électricité dans la consommation globale, comment est traité le sujet du solaire et de l'éolien dans les médias ?
- Éolien et solaire ont fourni 12% de l’électricité mondiale en 2022, un record dans l’ombre du charbon.
Éolien et solaire ont assuré 12% de la production électrique mondiale en 2022, se hissant à un niveau record, mais toujours à l'ombre du charbon, qui reste la première source d'électricité au monde.
Voici un exemple de titre de média, EuroNews, en 2023 :
- L'énergie solaire et éolienne a atteint un pic historique en 2022.
Jamais l'énergie éolienne et solaire n’auront produit autant d'électricité dans le monde. Selon le rapport du groupe de réflexion Ember, en 2022, les énergies renouvelables ont généré 12 % de l'électricité mondiale contre 10 % en 2021.
Autre exemple de titre en 2024, par le site Statista :
- L'éolien et le solaire ont dépassé les énergies fossiles dans l'UE.
Un taux de 30% est donné, mais bien sûr, il ne s'agit que de la contribution au mix électrique de l'UE, 30% de la production d'électricité donc, pas de la production globale d'énergie. Il est à noter que le site Statistica n'affiche pas sur sa page, le pourcentage de la part d'électricité dans la production/consommation globale d'énergie en UE.
Si on considère que cette consommation d'électricité représente environ 20% (cf plus haut, chiffre du ministère français) de ce que l'on consomme en tout comme énergie, la part du solaire et éolien est donc 30% de 20%, ce qui d'après ces chiffres, donne : 6% ...
Ce chiffre de 6% pour l'UE en 2024 semble gonflé si on le compare à la France, un pays important de l'UE à peine un an avant, en 2023, 3% ! D'autre part, le site qui est pris en référence pour ces données, Ember, n'est pas un site étatique mais un think tank qui a pour but de promouvoir les EnR, et ils affirment sur leur page avoir pris en compte et avoir comparé l'ensoleillement en UE entre 2023 et 2024 pour estimer la valeur du solaire. Extrait :
Pour la production éolienne et solaire, nous avons utilisé les données sur la vitesse du vent et l'insolation solaire de l'ensemble de données ERA5, en échantillonnant jusqu'à 50 sites par pays. Ces sites ont été dérivés des plus grands projets éoliens et solaires dans chaque pays, sur la base des ensembles de données de suivi éolien et solaire de Global Energy Monitor, puis regroupés en un maximum de 50 sites. Nous avons calculé un facteur de capacité simulé pour chaque site, puis un facteur de capacité éolienne et solaire au niveau national en pondérant les résultats des sites individuels par leur capacité. En utilisant la différence en pourcentage du facteur de capacité simulé entre les six premiers mois de 2024 et les six premiers mois de 2023, nous avons comparé la production attendue en 2024 avec la production réelle pour dériver les valeurs des changements structurels et des changements basés sur l'état. Traduit avec DeepL.com
La base de calcul n'est donc pas la même que celle, effective, des chiffres officiels de production/consommation de la France en 2023, publiés en 2024. Il est donc probable qu'on ne puisse comparer ces "6%" en 2024 en UE, aux 3% en France en 2023. Les publications en 2025 des valeurs réelles de 2024 viendront probablement préciser ce point.
Même à supposer que 6% soit un chiffre fiable pour la part de solaire et éolien, cela reste très faible, question autonomie énergétique et transition : l'Europe, en 2024, reste fortement dépendante aux énergies fossiles.
En introduction de cette page Informassue sur les énergies, est cité cet article d'un média dominant de la presse française qui titre en 2022 : Le solaire et l’éolien ont produit plus de 10 % de l’électricité mondiale en 2021, une première.
Il est donc possible de replacer ces 10% dans la consommation globale d'énergie, 10% de 20%, soit : Le solaire et l'éolien comptent, en 2021, pour 2% de la consommation mondiale d'énergie.
Si le sujet est la "transition" énergétique et climatique, c'est-à-dire passer à un autre mode de production d'énergie avec moins de fossiles, il est important de donner le taux de l'énergie produite par l'éolien et le solaire, également par rapport à la totalité de l'énergie produite et consommée...
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